Tournoi de la francophonie

Laurent Annetti et Jean Pascot ont participé en ce mois d’ Août aux 7èmes rencontres internationales des Echecs Francophones. Voici un reportage très complet de Jean Pascot sur cette belle compétition.

Vision d’un tournoi d’échecs
“AU PAYS DE LA FRANCOPHONIE”

Début Août deux éminents représentants du club ont participé au tournoi de la Francophonie à Paris. Arrivés plein d’ardeur tels de vaillants Rastignac Morbihannais ils repartirent tels des Bécassins apeurés cherchant avec angoisse la gare Montparnasse…

Le tournoi d’échecs de la Francophonie a la particularité de regrouper 27 nationalités mais une seule langue, ce qui pour le français moyen que je suis facilite les échanges. Sénégalais aux survêtements chatoyants, Tunisiens dont un en tenue, Haïtiens en petits polos d’été style “Rotary club en goguette”, Ivoiriens ou Togolais avec quelques touches de fantaisie ici ou là. ..Les Suisses, Canadiens et autres Français faisaient bien pâle figure devant cette foule bigarrée et oh combien sympathique.

Le tournoi se déroulait à côté de la cité universitaire de Gentilly à Paris. La première impression à la vision de boulevards extérieurs quasiment déserts fait que l’esprit oscille entre Walking Dead ou Charles Aznavour. Paris sous le soleil caniculaire du mois d’ Août ressemble à un immense vaisseau abandonné aux caprices du réchauffement climatique. Heureusement dans le lointain je distingue la crinière avantageuse d’Alberto David le GMI bien connu. Ouf !!!

J’ arrive donc à la salle climatisée et me dirige vers la table de pointage. Comme je suis peu ou pas connu au niveau international le préposé oublie de me saluer mais n’oublie pas de me demander si j’ai payé mon inscription (la classe est un élément inné mais non acquis). Je profite du temps avant la première ronde pour saluer quelques connaissances, vu le nombre de saluts je pense faire bientôt partie des antiquités, cependant des jeunes, des vieux, des arbitres, le seul joueur de couleur des années 70 à Paris et même le président de la Fédération me font l’amitié d’échanger quelques mots.

Et la première partie va commencer. Mon adversaire du jour, Alexeï, est accompagné par sa maman qui m’explique que son fils est en maternelle et ne sachant pas écrire notera les coups par un trait pour les blancs et une croix pour les noirs. C’est d’autant plus charmant qu’ Alexeï ressemble à un ange. Mais tout d’un coup … avec ses grands yeux candides et son air doux il me demande d’une voix affirmée et avec un fort accent slave : « Vous parlez russe ? ». Un malaise m’ étreint, à la première ronde je rencontre déjà le petit génie du tournoi, ange oui mais tendance exterminateur.

Heureusement les discours des officiels nous interrompent et nous avons droits aux sempiternels remerciements et au discours convenu du politique du coin qui nous font regretter les discours enflammés de Jack Ralite maire d’Aubervilliers dans les années 70/80 au tournoi de sa ville. Les seniors me comprendront. A la fin des discours nous eûmes le droit de nous lever pour une minute de silence en hommage au président Tunisien qui venait de mourir.

La partie commença enfin, Alexeï était vraiment mignon; à chaque fois qu’il menaçait une de mes pièces il me la montrait avec son doigt et arborait un sourire radieux ! A ma grande honte je dois avouer qu’une fois je n’ avais pas vu qu’il menaçait ma dame, heureusement qu’il était fier de lui…Je finis par gagner sans gloire.

La deuxième ronde contre un fort joueur me remplit d’amertume. En effet après une ouverture correcte et en plein milieu de jeu j’avais un fort avantage que notre ami de silicium eut tôt fait de me prouver le soir au fond de ma chambrette. Surtout si vous voulez garder un peu d’estime pour vous-même n’analysez jamais vos parties avec un ordinateur (mais on ne peut pas s’ en empêcher NdLR) .

Pendant ce temps, Laurent collègue “abéciste” réalisait une partie d’anthologie contre le premier joueur d’Haïti (qui finit 20ème du tournoi) sur une Caro-Kan débridée où il avait les Blancs. Malheureusement pour lui la suite de son tournoi fut identique à la mienne.

A la quatrième ronde je rencontrais un fort joueur des Pays de Loire et j’eus le bonheur de gagner grâce à un Roi adverse resté au centre et une attaque sur e6. Je vous laisse découvrir la partie en annexe.
Petite anecdote j’ai même joué contre un Qatari dont le jeu manquait singulièrement de gaz. Par contre je n’ai pas joué contre un Ivoirien ce qui vous épargne la petite galéjade bien connue.

Je vous ferai grâce aussi du compte rendu des autres parties, j’ai perdu une partie en 15 coups sans voir un mat en un coup, alors que ma position était gagnante, et perdu une autre partie contre Maria Leconte joueuse française du national alors que la finale était complètement nulle.

Puis enfin…si je gagnais les deux dernières parties je gagnais 300 euros. J’ ai perdu l’avant-dernière avec une finale gagnante selon mon ordinateur. ..et si je gagnais la dernière partie je gagnais 200 Euros… et si je faisais nulle 100 Euros.

D’ une position complètement gagnante je tombais dans une position nulle puis à trois coups de perdre avec une suite archi-évidente contre moi j’abandonnais. De suite mon adversaire, pour bien me prouver que ma position était perdante se mit à bouger les pièces avec un air supérieur. C’ est alors, ENFER et DAMNATION que je m’aperçus qu’il avait l’intention de jouer la seule variante qui annulait ! Comme quoi ce n’était vraiment pas ma semaine.

Heureusement, lors de la remise des prix les petits fours étaient très bons et en abondance tout comme le buffet de bienvenue à la maison de la Tunisie le premier jour. Juste un détail, le petit four tunisien vous permet de tenir au moins 15 jours sans manger.

Conclusion :
La conclusion tient en trois mots :
Le premier jour DES ILLUSIONS nous titillaient gentiment le cœur
Le dernier jour les DESILLUSIONS emplissaient nos souvenirs

Jean Pascot